ODD 14
Protéger la biodiversité marine dans l’Indopacifique
INTERVIEW CROISÉE La criminalité bleue est un enjeu majeur dans l’Indopacifique. Avec le projet CRIMARIO, Expertise France soutient notamment la lutte contre les crimes et délits de nature maritime dans la région.
Avec OLIVIER BÉZIER,
chef de la composante « Police en mer » de CRIMARIO
et MARIANNE PÉRON-DOISE,
conseillère politique
Comment définiriez-vous la « criminalité bleue » ?
M. P.-D. : Cette forme de criminalité recouvre des activités variées. Avec la généralisation du transport maritime, de nombreux trafics se développent dans le monde : trafics de drogues, d’êtres humains, d’espèces marines protégées… La pêche illicite est un fléau particulièrement important. Elle n’affaiblit pas seulement les stocks halieutiques et les écosystèmes marins – elle prive également les communautés de pêcheurs de revenus et d’emplois, et peut menacer la sécurité alimentaire de toute une population.
La pêche illicite représente près de 20 % des captures annuelles mondiales. Elle s’explique généralement par une gouvernance locale faible, et par une carence en moyens de surveillance et de contrôle des espaces maritimes. L’insécurité face aux flottilles de pêche clandestines accentue ces dysfonctionnements.
Face à ces menaces de plus en plus pressantes, les pays de l’Indopacifique tentent de se coordonner et de développer des initiatives novatrices. L’enjeu est de mettre en place des équipements permettant une meilleure connaissance du domaine maritime. L’échange d’information et la formation de personnels spécifiques au sein d’agences maritimes dotées de capacités d’action en mer sont également des volets importants.
Les atteintes à la biodiversité marine font partie des infractions ciblées par les partenaires du projet CRIMARIO.
En quoi le projet CRIMARIO contribue-t-il à protéger la vie aquatique dans la région ?
O. B. : CRIMARIO vise à améliorer la sûreté des routes maritimes critiques orientales de l’Union européenne. Il comporte une composante « Police en mer » destinée à soutenir les États partenaires dans la détection, l’investigation et la poursuite des crimes et délits de nature maritime dans leurs espaces de juridiction. Les atteintes à la biodiversité marine font partie des infractions ciblées en priorité par les États partenaires. Elles détériorent en effet directement la pérennité de leur patrimoine marin et de leur économie bleue.
Un exemple de réalisation récente : en avril 2022, alors que les Palaos accueillaient l’événement « Our Ocean Conference », CRIMARIO organisait, en coopération avec le National Maritime Intelligence Center américain, un exercice d’état-major au bénéfice des Palaos et des Philippines. Durant cet exercice, les services des deux États ont affûté leurs procédures d’échange d’information face à deux situations types : un cas de pêche illégale interrégional, puis un cas de navire se livrant à des recherches scientifiques dans une zone économique exclusive sans respecter les procédures d’information préalable et de compte rendu prévus par les textes internationaux.
Ainsi, en complément d’autres projets financés par l’Union européenne – Swordfish par exemple –, CRIMARIO soutient les États de l’Indopacifique dans leurs efforts pour apporter une réponse pénale aux menaces sur la biodiversité marine. Il favorise à ce titre une exploitation paisible et pérenne des ressources maritimes.
Propos recueillis en avril 2022
Atteindre l’ODD 14
L’objectif de développement durable « Vie aquatique » vise à conserver les écosystèmes marins et côtiers et à les exploiter de manière durable. En réponse, Expertise France soutient les pays partenaires dans la mise en œuvre de mesures visant à protéger la biodiversité marine.
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