« Expertise France nous épaule chaque mois, chaque semaine, chaque jour »

INTERVIEW Le 4 août 2020, deux explosions dévastaient le port de Beyrouth, faisant au moins 235 morts et causant des dégâts majeurs dans la capitale libanaise. Cette catastrophe a suscité un élan international de solidarité, auquel la France a activement participé.


Avec Omar Itani,
directeur général
du port de Beyrouth

Il est aujourd’hui temps de reconstruire le port de Beyrouth, poumon économique du Liban, dans des cadres de gouvernance et de sécurité optimisés. Dès octobre 2020, Expertise France a réuni une équipe chargée d’aider la direction du port à concevoir un site modernisé et sûr, conforme aux normes internationales. Cette équipe travaille en coordination avec des acteurs publics et privés, tandis que les ports du Havre et de Marseille partagent leurs bonnes pratiques en termes de gouvernance, d’exploitation et de sécurité portuaire.

D’un montant de 1,2 million d’euros sur deux ans, le soutien actuel poursuit trois objectifs : appuyer les réflexions stratégiques et la réforme générale de la gouvernance portuaire, renforcer la sûreté et la sécurité portuaires, et accompagner le renforcement des capacités informatiques des douanes, conditions essentielles à la bonne reprise économique du site.

Quelle a été la contribution d’Expertise France au cours des dernières années ?

Le service économique de l’ambassade de France au Liban et Expertise France nous ont soutenus dès le premier jour après l’explosion. Ils nous épaulent chaque mois, chaque semaine et parfois chaque jour, pour remédier à de nombreux problèmes. Ils nous ont aidés à entrer en contact avec des consultants pour réaliser les études nécessaires à l’organisation de l’enlèvement de toutes les ferrailles et débris dans le port. C’est la première chose à faire, pendant que nous préparons les appels d’offres d’ingénierie pour la reconstruction. Expertise France nous aide par ailleurs quant à l’évaluation de sûreté du port, en collaboration avec les ports de Marseille et du Havre. C’est la première étape vers un port plus sûr pour les personnes et les marchandises. Nous avons pu, grâce à des visites d’études organisées en France par le chef de projet de l’agence, comprendre comment les services de sécurité, tels que la sécurité générale et les douanes, se coordonnent. Il faut que le port soit reconstruit en adéquation avec les exigences du Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires (ISPS).

Le service économique de l’ambassade de France au Liban et Expertise France nous ont soutenus dès le premier jour après l’explosion. Ils nous épaulent chaque mois, chaque semaine et parfois chaque jour, pour remédier à de nombreux problèmes.

Quelles sont les prochaines étapes pour permettre au port de Beyrouth de se conformer aux normes internationales, en matière de gouvernance portuaire, de sécurité et de sûreté ?

Le port de Beyrouth s’engage pour atteindre ces normes internationales sur ces différents sujets. Nous collaborons notamment avec des entreprises internationales telle que CMA-CGM et avec des experts déployés par la France, comme les ingénieurs d’Artelia et d’Egis.
Nous préparons également notre nouveau plan de sécurité et de sûreté portuaire conformément aux normes ISPS et au Code international pour le transport maritime de marchandises dangereuses (IMDG). En termes de sécurité, le contrôle de l’accès au port est central et nous devons l’améliorer.
L’agence nous soutient dans ce processus, en nous accompagnant il y a quelques années, par exemple, dans la signature d’un accord de coopération avec le port de Marseille. Nous sommes allés avec Expertise France voir comment les opérateurs et contractants travaillent et comment la sécurité est organisée : le contrôle d’accès, les caméras, les clôtures, les scanners et l’interface entre le port et la ville. Dans le nouveau port de Beyrouth, nous renforcerons la détection de la fraude, en collaboration avec les douanes, avec des scanners supplémentaires pour les conteneurs.

 

Le 13 mars 2024, le port de Beyrouth a présenté son plan de réhabilitation, préparé avec le soutien de la France, notamment le service économique régional de l’ambassade de France à Beyrouth et Expertise France. Que prévoit ce plan ?

Nous travaillons sur plusieurs projets en parallèle. Après que tous les débris de l’explosion ont été dégagés, notre objectif est de reconstruire un port plus moderne avec une gamme plus large d’installations. Nous voulons augmenter la capacité du port, en approfondissant l’un des bassins à 13 mètres. Nous avons défini une zone sur le môle numéro 1 pour un nouveau terminal pour les passagers, afin de pouvoir lancer un appel d’offres et trouver un opérateur dédié. Nous avons laissé un espace pour de nouveaux silos de stockage. Nous souhaitons également construire de nouveaux entrepôts et établir un terminal Ro-Ro.
Pour tous ces projets, Expertise France et l’ambassade nous aident, par exemple, avec la mobilisation d’Artelia et d’Egis, pour définir toutes les spécifications techniques des appels d’offres. Certains sont prêts, d’autres sont encore en attente. Nous travaillons ensemble comme une seule équipe pour le renouveau du port de Beyrouth.

Lire la fiche projet : Soutien à la reconstruction physique et institutionnelle du port de Beyrouth

Propos recueillis en mai 2024.

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