ODD 15
Préserver la biodiversité terrestre au Sénégal et en Tunisie
INTERVIEW CROISÉE Avec le projet BIODEV2030, mis en œuvre depuis 2019, Expertise France contribue à intégrer la biodiversité au développement de seize pays. Focus sur les cas du Sénégal et de la Tunisie.
Avec SAMIRA NEFZI,
directrice de l’Observatoire tunisien du développement durable
et BOCAR THIAM,
directeur des parcs nationaux, ministère de l’Environnement du Sénégal
Le Sénégal et la Tunisie disposent d’une biodiversité terrestre particulièrement riche. Quels sont les grands enjeux de leur protection aujourd’hui ?
B. T. Le Sénégal compte près de 3 600 espèces végétales et 4 200 espèces animales connues, dont 90 sont inscrites sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature. L’atelier que nous avons organisé en décembre 2020, dans le cadre de BIODEV2030, a montré que l’agriculture, la pêche et l’extraction minière sont les secteurs qui nuisent le plus à la biodiversité dans le pays.
Aujourd’hui, les engagements pris par le secteur privé, l’État et les associations permettent d’être optimiste. Ils prévoient notamment d’intégrer la biodiversité dans les programmes économiques, en cohérence avec la lettre de politique sectorielle du Sénégal. Un des outils clés pour le passage à l’action a été la révision de notre code de l’environnement : celui-ci exige désormais une étude d’impact intégrant la biodiversité pour les projets de développement
S. N. La Tunisie comporte à peu près 7 500 espèces animales et végétales connues, en incluant les espèces terrestres et aquatiques. Le pays est aussi particulièrement riche en écosystèmes. Le défi, c’est d’ouvrir le débat avec les secteurs économiques et de voir comment ils peuvent contribuer d’une manière ou d’une autre – à travers de l’investissement vert ou la responsabilité sociétale des entreprises – à la réduction des pressions exercées sur la biodiversité. L’agriculture et l’agro-industrie – qui s’intensifient à l’heure actuelle – mais aussi l’industrie extractive sont les secteurs qui nuisent le plus à la biodiversité en Tunisie.
À travers le projet BIODEV2030, Expertise France contribue à intégrer la biodiversité au développement de seize pays.
En quoi le projet BIODEV2030 contribuera-t-il à protéger la biodiversité de vos pays ?
B. T. BIODEV2030 a permis d’associer tous les acteurs de la société pour leur faire prendre conscience de l’opportunité économique et sociale que peut représenter la préservation de la biodiversité. Au Sénégal, des actions pilotes sont mises en œuvre dans la région de Thiès pour réconcilier biodiversité et développement.
S. N. Le projet a permis d’attirer l’attention sur des secteurs qui contribuent au déclin de la biodiversité sans nécessairement utiliser directement des ressources naturelles et la biodiversité. BIODEV2030 a aussi permis d’ouvrir le débat avec les parties prenantes sur la base d’un diagnostic scientifique et concerté, pour prouver que ces secteurs-là sont impliqués dans la dégradation de la biodiversité en Tunisie.
Il faut également noter que la dynamique impulsée par la société civile en Tunisie est incroyable. Depuis la révolution de 2011, les associations se multiplient pour plaider en faveur de la protection des ressources et du capital naturel. Elles arrivent à mettre en œuvre des projets sur le terrain et à nouer un dialogue avec les pouvoirs publics, ce qui est pour moi un point très positif.
Propos recueillis en juin 2022
Atteindre l’ODD 15
Protection des espèces menacées, gestion durable des forêts, lutte contre la désertification… L’objectif de développement durable « Vie terrestre » couvre de nombreux enjeux. En réponse, Expertise France s’engage pour une transformation de la gouvernance de la biodiversité et pour la reconnaissance de sa contribution aux ODD au sens large. Elle déploie son action du niveau local à l’échelle internationale.
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