La stratégie bas-carbone en Côte d’Ivoire
INTERVIEW La Côte d’Ivoire a fait de la lutte contre le changement climatique l’une de ses priorités. À travers une stratégie bas-carbone, elle cherche à mobiliser les acteurs nationaux pour rehausser sa performance climatique.
Avec Frédéric Zapka,
coordonnateur de la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national, au ministère de l’Environnement de la Côte d’Ivoire
Quels sont les effets du changement climatique déjà observables en Côte d’Ivoire ?
Les effets du changement climatique sont multiples en Côte d’Ivoire : hausse des températures, du niveau des océans, érosion des zones côtières… L’un des secteurs les plus touchés est l’agriculture qui pâtit du bouleversement du rythme des saisons. La diminution des précipitations, par exemple, amenuise les rendements agricoles. L’enjeu est très important pour le cacao dont nous sommes le premier producteur mondial. Les conséquences de cette situation sont notamment les risques quant à la sécurité alimentaire, le basculement d’une partie de la population vers la pauvreté et de probables migrations climatiques. Il faut donc mener des actions concrètes pour limiter les impacts du changement climatique qui sont de plus en plus coûteux.
Quels sont les objectifs de la Côte d’Ivoire dans la lutte contre le changement climatique ?
La lutte contre les changements climatiques est l’une de nos priorités, nous cherchons à augmenter la performance climatique de la Côte d’Ivoire. Nous nous sommes engagés, dans les contributions déterminées au niveau national (CDN), à réduire de 30,41 % les gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030, soit 37 millions de tonnes équivalent CO². Cette ambition climatique repose sur une réduction des gaz à effet de serre résultant de la mise en œuvre de mesures dans les secteurs de l’énergie, des déchets, de l’agriculture et de la foresterie.
Outre ce volet atténuation, un autre pan concerne l’adaptation : il s’agit d’accroître la résilience climatique dans cinq secteurs prioritaires et vulnérables que sont l’agriculture, l’utilisation des terres, les ressources en eau, la santé et les zones côtières.
Afin de déployer ces objectifs sur ces deux volets, nous allons améliorer le suivi-évaluation des performances pour pouvoir mesurer les efforts qui ont été faits et le niveau de nos émissions au plus proche de la réalité.
Comment le projet Transition Bas-Carbone accompagne le gouvernement ivorien sur ces sujets ?
Ce projet intervient alors que plusieurs défis doivent être relevés pour augmenter la performance climatique de la Côte d’Ivoire. Cet accompagnement va nous permettre de créer une coordination nationale intersectorielle pour l’action climatique pour déployer les CDN avec efficacité. Cette coordination donnera les orientations stratégiques, permettra également de faire des arbitrages et mettra en œuvre des synergies. Ensuite, via le projet Transition Bas-Carbone, nous allons davantage intégrer les enjeux liés au changement climatique dans les politiques nationales transversales et sectorielles. Nous allons également pouvoir établir un système de suivi efficace, nécessaire pour la bonne mise en œuvre des actions. Enfin, cela va nous donner la possibilité de développer une stratégie d’information et de communication pour parler de ce qui est déployé en termes de lutte contre le changement climatique.
Plusieurs défis doivent être relevés pour augmenter la performance climatique de la Côte d’Ivoire.
Comment sensibiliser et intégrer les enjeux du changement climatique auprès de la société civile ?
Le travail conjoint avec Expertise France va permettre de renforcer les capacités des acteurs nationaux, à travers l’adoption d’une démarche inclusive et participative. Il faut que la notion de changement climatique, et tous les thèmes qui lui sont associés, soit comprise et intégrée par tous : acteurs institutionnels, politiques et non étatiques. Pour ce faire, il est nécessaire de mobiliser et coordonner les parties prenantes à travers la sensibilisation. Nous pourrons bénéficier d’un appui technique de l’agence sur ce point, à travers par exemple des cycles de formation. L’idée est de développer une synergie entre tous les acteurs pour œuvrer à atteindre les objectifs climatiques qui sont fixés pour le pays et rendre opérationnelle cette transition bas-carbone.
Propos recueillis en mai 2024.
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