ODD 8

Soutenir la formation professionnelle au Rwanda

INTERVIEW La formation est une des clés de l’emploi et de la croissance. Au Rwanda, le projet AFTER contribue à améliorer la qualité de l’enseignement technique et professionnel depuis 2020.


Avec KIBA MUVUNYI,
expert en formation professionnelle et en renforcement des capacités pour AFTER

Quelle est la stratégie du Rwanda en matière de formation professionnelle ?

La formation professionnelle est au cœur de la stratégie 2017-2024 de l’État rwandais pour faciliter l’emploi des jeunes. Le gouvernement ambitionne d’accroître la proportion de jeunes en formation professionnelle de 31,1 % en 2017 à 60 % en 2024 – cela en vue de créer 214 000 emplois par an. Pour le moment, cette part est de 31,6 %.

Cependant, de nombreux défis doivent être relevés. La création et la gestion de centres de formation coûtent cher, la plupart des programmes ne sont pas à jour et ne répondent pas aux besoins du marché, les centres manquent de ressources : manque de manuels de formation à destination des formateurs et des élèves, manque d’infrastructures, manque d’équipements pédagogiques, manque de consommables et de matériel…

En parallèle, les formateurs doivent résoudre un double problème : développer leurs compétences en informatique et leur expérience du secteur industriel. De même, la majorité des directeurs d’école professionnelle auraient besoin de renforcer leurs compétences en gestion.

Le département Mécatronique du Centre régional polytechnique intégré de Tumba a été inauguré dans le cadre du projet AFTER.

Comment le projet AFTER contribue-t-il concrètement à répondre à ces défis ?

En amont du projet, nous avons réalisé un diagnostic avec nos partenaires. Des défis ont été identifiés pour chacun d’entre eux et, sur cette base, des actions ont été formulées. Cette approche a permis d’apporter des solutions adaptées aux spécificités du terrain.

Depuis, de nouveaux bâtiments sont en cours de construction. D’autres seront réhabilités pour offrir un environnement propice à la formation. Des équipements seront également fournis aux établissements pour soutenir l’apprentissage par la pratique.

En parallèle, des actions ont été entreprises pour renforcer les compétences des étudiants et des personnels. L’infrastructure du laboratoire de langues aujourd’hui en construction au sein du Centre régional polytechnique intégré de Tumba (IPRC Tumba) permettra aux élèves d’améliorer leur maîtrise du français et de l’anglais. Les formateurs, les directeurs de centres de formation et les personnels enseignants et administratifs ont également bénéficié de différentes formations selon leurs besoins, que ce soit en matière de gestion de qualité, d’approche pédagogique ou de renforcement de compétences pratiques. D’autres formations et ateliers seront mis en œuvre pour promouvoir l’égalité de genre, la protection de l’environnement et la sécurité.

Le projet vise aussi à favoriser l’insertion des étudiants sur le marché du travail…

En effet. Pour cela, les liens entre les centres de formation et l’industrie ont été fortifiés : organisation de visites d’études, placement de formateurs dans les industries pour permettre aux étudiants de faire des stages, organisation de sessions offertes par des experts de l’industrie auprès des élèves, renforcement de l’orientation professionnelle au sein des centres de formation, suivi des jeunes après leur cursus… Un travail a également été mené pour améliorer la visibilité et l’attractivité des centres de formation.

Pour renforcer l’entrepreneuriat des jeunes, des clubs d’entrepreneuriat ont par ailleurs été créés. Un mécanisme d’accompagnement destiné aux jeunes porteurs de projets novateurs a aussi été mis en place.

Il est nécessaire de développer les compétences des élèves au-delà du savoir-faire pur.

Selon vous, comment ce lien entre formation et insertion professionnelle peut-il être amélioré ?

Il est en premier lieu important d’améliorer les environnements de formation pour permettre aux jeunes de suivre des travaux pratiques. La mise en place d’un système de formation continue à destination des enseignants est à cet égard un axe majeur de développement.

Sur le plan de l’adéquation avec le monde professionnel, il est nécessaire de développer les compétences des élèves au-delà du savoir-faire pur. L’enjeu est aussi de renforcer les liens entre entreprises et centres de formation, en augmentant par exemple le nombre d’heures de formation des jeunes dans les entreprises ou en accompagnant les jeunes diplômés à travers les réseaux d’anciens élèves et les centres de jeunes.

Propos recueillis en mai 2022

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Atteindre l’ODD 8

L’objectif de développement durable « Travail décent et croissance économique » vise notamment à réduire la part de jeunes sans emploi ni formation. En réponse, Expertise France appuie la définition et la mise en œuvre de politiques de formations initiales et continues adaptées aux besoins des pays partenaires. L’agence accompagne également le développement de centres de formation.

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